Il y a parfois des rencontres improbables. Celle de Micberth avec Jean Bardin, ami de Tonton (Mitterrand), en fait partie. Elle eut lieu en août 1981 à Montrouge, au studio PIPA, où Micberth supervisait le montage du second numéro de NEV vidéomagazine. Jean Bardin passait là pour embrasser son amie Agnès Datin qui officiait en ces lieux. Journaliste, animateur radio et télé, producteur prolifique, il était membre de la Convention des institutions républicaines, parti créé en 1964 par François Mitterrand dont il était proche. Il jouait le rôle de conseiller en communication audiovisuelle auprès du Président. Cette rencontre inspira à Micberth, après coup (c’est le cas de le dire), le texte suivant.

Tom pouce 

J’ai tous les vices, je l’ai dit plus haut. Même celui de me soûler avec la nouvelle étoile (qui monte, qui monte !) de la TV socialiste. Je parle du revenant Jean Bardin. Pour la rencontre, il fallait trouver un modus vivendi entre mon Cordon Rouge et son jaja 9°. On s’est cognés à la Veuve Cliquot. Fi des moyennes, l’avantage était pour moi. La conversation prit un tour de samba brésilienne telle qu’on la dansait quand j’étais enfant. Lui, un pas vers moi ; moi, un pas vers lui et ainsi de suite. Je lui affirmais que Mitterrand était un torche-cul de la plus triste espèce, lui me le présentait comme un saint homme. Tiens ! justement... il en sortait de chez Mitterrand. « Ah ! Quel homme, je vous assure ! »

Bardin m’a parlé de l’injustice (c’est pas beau l’injustice quoi merde !), de l’égalité entre les hommes, de la fraternité. Bref, tous ces pôvres travailleurs immigrés, ces pôvres ouvriers, ces pôvres vieillards, ces pôvres femmes battues, ces pôvres pauvres. Le champagne et lui faisaient des bulles.

Déjà chaud, je lui ai dit que bien que non belliciste, si un jour, comme ça, hips !, je descendais dans la rue armé d’un pistolet mitrailleur (BAR calibre 30 par exemple)... « Vous voyez ? » « Oui, je vois... » et que je tirasse au hasard sur mille personnes... « Un peu de champagne, cher ami ? » « Oui, merci, une larme s’il vous plaît... » Eh bien, si je tirais sur mille personnes, je n’aurais tué au plus que deux ou trois hommes... « Comment cela ??? » « Oui, j’aurais tué trois hommes et torché neuf cent quatre-vingt-dix-sept merdes... » « Vous êtes un peu fasciste, non ? » «  Vous trouvez ? »

On dit beaucoup trop de bien de la Veuve Cliquot. Encore une créature en cheveux, j’imagine.

(Micberth in « Le Nouveau Pal » n° 15, novembre-décembre 1982)

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