Le monde tourne décidément de plus en plus vite, tel un maelstrom. L’affaire des « Panama Papers », pourtant toute chaude, semble déjà bien loin. Depuis, il a fallu s’intéresser à d’autres sujets comme l’expulsion de Finkie place de la Rep (Mais qu’allait donc faire notre Académicien dans cette galère ?), la romance entre Mme Trogneux et son élève de mari, les mouvements divers créés en vue de réveiller les Français, le show télévisé du premier d’entre eux, etc., etc. Difficile de bien suivre les médias, parfois. Il me semble qu’autrefois (de mon temps), un scandale avait plus d'impact. On s’y attardait, on y revenait. Prenons, par exemple, l’affaire du Watergate, célèbre feuilleton américain des années 1970, qui eut pour conséquence la démission du président Nixon.

 « L’affaire Watergate, tout le monde en parle. La trique gigantesque pour journalistes qui ont de la peine à jouir.

« J’ai bien lu toute la presse, écouté consciencieusement les radios et regardé à m’en péter les yeux la télévision. Et j’avoue à ma plus grande honte n’avoir rien compris. Nib.

« Peut-être que le Washington Post n’avait pas encore pigé que la démocratie est un mot pour sourire. Peut-être... Ou les Américains sont naïfs par vocation, ou bien cons. Sait-on.

« La corruption dans l’Etat ? Oh mais qu’on s’en branle ! Elle existe dans tous les pays, et sous tous les régimes depuis le commencement et jusqu’à la fin des mondes, cela sera. Tant que le peuple, conopathe et un tantinet oligophrène, élira des représentants à son image, pour le représenter, le gouverner et le contraindre, la corruption vivra.

« Regardons un peu chez nous les gars. N’y aurait-il pas plus subtil dans l’hexagone que le triste drille Pompidou ? « Oui, oui », vous dites ensemble. Tout ce qui semble original au premier coup de mirette, est systématiquement piétiné, jeté aux orties. Pas vrai ? Alors, las et désabusés, nous gardons Pompidou comme un cor au pied, douloureux mais bien à soi.

« Et la vie tourne, trop vite à notre goût. A peine fini d’être gamin, nous tremblotons vieillard.

« Le pouvoir est toujours immoral, arbitraire, dissimulateur, illégal. Et les ceusses qui s’indignent aujourd’hui ne s’ennuient pas de scrupules, les salauds. Ils oublient que leurs petites complicités par omission ou neutralité ont provoqué ce qui les dérange présentement. Il n’y a pas plus politique que le fait de prétendre l’ignorer.

« L’affaire Watergate est un job, un joujou pour journaleux malsains du système, le à-qui-perd-gagne du schéma, le t’avais-ka-pas-lever-ton-cul-si-tu-ne-désirais-pas-que-je-prenne-ta-place. Monsieur Ben Bradlee (NDLR : le père, rédac chef du « Washington Post ») ne vaut guère mieux que le président Nixon, et l’extase des journalistes de l’Express ne m’en impose pas. Mêmes cloportes sous la même pierre moussue et boueuse. Mêmes morpions dans mêmes slibards cradingues.

« Alors mes bons amis, nous qui sommes purs et nobles, détournons avec mépris nos beaux regards intègres et passons à autre chose. » (Micberth-Asudam, « Ouaterguete » in Actual-Hebdo n° 22, 12  mai 1973)

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