La première fois que Catherine rendit visite à Micberth, ce fut à Paris dans les bureaux de la SCAF (Société des créateurs et des auteurs d’expression française), le 28 mars 1977. Elle a alors 21 ans, s’intéresse plutôt au théâtre qu’au cinéma et travaille avec Jean-Marie Papapietro. On est loin de la réalisation de son premier métrage, Poker, qui sortira dix ans plus tard.

En 1979, Micberth décide d’écrire pour la jeune femme une pièce qui aura d’abord pour titre Bécassine, son oncle et ses amis, puis Bécassine Giscardestin. C’est ainsi que naîtra finalement Plurivoque Bécassine Giscardestin, « sinistre farce de M.-G. Micberth », sorte de one-woman-show écrit pour la scène, dont qu'il rédigera en avril de la même année. Le projet n’aboutira pas. Reste un texte inachevé de dix pages, extrêmement virulent, et curieusement prémonitoire.

Bécassine, « bretonne par la mère et solognote par le conseil municipal de Romorantin » est employée de maison chez l’inventeur du papier journal comestible, celui qui a « rendu enfin la presse digeste ». Docteur en sociologie de l’université de Tours, elle n’a pas la langue dans sa poche et s’attaque à de nombreuses idées reçues.

Elle évoque, par exemple, l’Iran et « les filles qui là-bas s’enroulent dans un grand morceau de tissu, un tchat chador » qu’elles retiennent avec les dents, ce qui leur évite de bécoter leur fiancé, les « milichiens de Rominet » ayant la gâchette facile.

Elle écorche l’homme et « sa divine rage de vaincre, de torturer, de faire souffrir ». « Vous trouvez pas que ça nous manque, vous, la guerre ? Une vraie privation. » Bécassine insiste sur la Patrie et tous ceux qui meurent en son nom : « Combien de mères douloureuses et fières, légitimement fières d’avoir donné à la patrie leurs fils, maris, frères, pères pour ce grand idéal qui élève l’âme comme le talon bottier et la chaussure compensée élèvent le bas-du-cul. »

Ce texte est également une charge contre la chasse où pourtant « le gibier a toutes ses chances », le machisme, le sexisme, la fausse virilité, le racisme et toute la bêtise humaine...

 Certes, le personnage de Bécassine imaginé par Micberth était bien loin de La Nouvelle Eve. Et on ne peut faire grief à Catherine Corsini de ne pas avoir endossé son costume. Reste l'anecdote.

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