« Antifa » contre « fa », le combat n’est pas nouveau, même s’il a changé de nom avec le temps. Mais quel est l’enjeu ? Ne faudrait-il pas enfin appeler un chat un chat et dire une bonne fois pour toutes que le combat est fallacieux ? Qu’est-ce que le « fascisme » ? Micberth écrivait dans La Lettre (avril 1985) à propos de l’inénarrable B.-H. L., toujours présent dans notre actualité en 2013 : « Il tremble de berlue car partout il croit voir renaître, surtout dans l’anodin, l’hydre pouacreuse du fascisme et du nazisme. » Faut-il être « politiquement correct » pour échapper à l’opprobre ? « Tant pis pour la réclame que l’on me fait, mais je préfère l’étiquette de voyou droitiste à celle de renégat ou de simple trou du cul. », ajoutait Micberth qui s’était déjà clairement exprimé 10 ans plus tôt sur la notion de « fascisme » telle que définie par le monde de la gauche.


Fachos de basse-cour

 « Inutile d’observer minutieusement le monde gauchiste à travers un quart de pouce, pour dégager puis mettre en valeur la fatuité de ces gens-là. La bonne grosse observation macroscopique suffit amplement, comme on dit ; l’épais coup de châsse, allez ! pas de finesse...

« Et de les écouter gazouiller alors !

« Du pathos quotidien, de la linguistique freudo-marxiste à la mords-moi le noeud, émerge d’entre les jargons sibyllins le mot miraculeux, l’insulte tant chérie, le crachat – pfuitt – sanguinolent et corrosif : fasciste !

« Et les voilà tout contents, tout jouasses, très satisfaits d’eux-mêmes, frétillants de la queue, nos petit guignols gauchos, hé !

« Depuis 68, amoureusement ils le bichonnent ce mot cible, ils le lustrent, le dulcifient, pour le rendre, à propos, plus cruellement cinglant, plus arbitrairement percutant. C’est leur grande découverte ! De toute cette construction apocryphe et galeuse, l’Histoire ne retiendra que ce vocable réutilisé approximativement par une jeunesse malade des glandes.

« Ce qui frappe tout d’abord chez le gauchiste (hormis le gourdin qu’il tient à la main) c’est sa désarmante inculture. Le gauchiste est bête, parfois méchant aussi, mais plus souvent bête dans la grande tradition de l’idiotie hihan de l’homo normalis. Sa vêture, ses éructations, ses capucinades, son comportement gestuel désorganisé, donnent bien l’image du primaire décervelé, de la bête végétative, du primate pelé. Fort de ces observations, on ne discute pas avec un gauchiste, on le fouette. De là à penser, par le procédé du raccourci simpliste, que celui qui tient le fouet est fasciste...

« Avec la bonne humeur coutumière qu’on leur connaît, ces jeunes abrutis mélangent naïvement totalitarisme, fascisme, nazisme, monarchisme, nationalisme – aïe donc – et tous les ismes qu’il plaît à l’humain de créer.

« Nous autres qui ne sommes pas des bêtes, que diable, mais des gens instruits des choses de la vie, nous avons appris à distinguer les divers courants de la pensée savante. Longues et laborieuses humanités. Nous savons que les esprits sont tout en nuances, subtils et délicats. Aussi, nous nous efforçons de placer notre raison très au-dessus de notre sphincter anal. Question d’hygiène et de moeurs. C’est en tout cas ce vers quoi nous tendons.

« Nos gauchos eux, fieffés soliveaux, paralysés par l’angoisse existentielle du batracien humanoïde Sartre, broutent inlassablement, le nez à la hauteur des excréments de leurs congénères, la manne matérialiste. Posture qui favorise, bien sûr, les apriorismes, le terre-à-terre et l’enfilage.

« Je ne parle pas des bergers, les leaders gauchistes. Ceux-là savent. On les recrute le plus souvent dans la grande bourgeoisie qui s’ennuie. Ils sont cultivés et précieux, les bougres, rusés comme tout, avides de sensations fortes. Soyons sérieux, et voyons dans ces gus chafouins les laissés-pour-compte d’une société qui ne s’embarrasse guère de convenances, et qui n’offre jamais le choix des méthodes pour réussir vite et bien, et faire du temps de vie imparti à chacun d’entre eux quelque chose de bougeant.

Micberth, janvier 1976.

« Mais celui qui bouge, n’est rien. « Rien » n’étanche pas la soif de « tout ». Aussi faut-il, derrière ou au-dessous de soi, exalter la multitude moutonnière que l’on flatte par ce qu’elle a de plus bas, de plus vil et de plus abject.

« Comment faire entendre à ces petits simples du cortex, sans froisser leur volonté d’obscurantisme, l’histoire du monde dans lequel nous vivons ?

« Parlons net. Il n’y a guère de différences entre le contenu des tracts du Fasci italiani di combattimento et la prose hyperbolique de la gaucherie internationale. Qui, nom de Zeus ! analysera un jour les affinités réelles et parfaitement évidentes qu’il y a entre un Benito Mussolini et un Aladin Krivine ? Et entre un Krivine et le führerprinzip ? Violence monopolistique : croire-obéir-combattre, le bel héritage du messianisme révolutionnaire légué par le socialise européen du XIXe siècle. Ratatiboum la bonne tambouille ! Qui alambiquera enfin les contenus doctrinaux de ces deux grandes joyeusetés ? Divine surprise !...

« Alors, fascistes vous-mêmes ! petites bêtes grouillantes, sordides plastiqueurs, terroristes du week-end, oui, fascistes vous-mêmes ! Vos méthodes, vos menaces, vos actes s’inscrivent dans la grande tradition de la couennerie des hommes vulgaires. Vous godez à la lecture de Reich sans connaître « L’art d’aimer » d’Ovide... Pas un crime, mais comment comprendre l’un tout en ignorant l’autre ? Ce n’est qu’un exemple mineur parmi tant d’autres plus importants qui foisonnent.

« Vous luttez contre un prétendu conditionnement, tout en refusant votre libre arbitre, et vous vous réfugiez dans un conformisme pis encore, usé jusqu’à la corde. Vous vomissez l’exploitation – ce pourrait être sympathique – mais vous exploitez sans vergogne les réflexes primitifs de vos jeunes amis. Vous exécrez l’idée d’une nation forte et maîtresse, au profit d’un individualisme branquignol qui, tout compte fait, n’est que le pastiche terne d’un collectivisme abêtissant, humiliant et guerrier. Vous vous réclamez de l’amour, mais vous n’engendrez que la haine.

« Le fascisme, dans sa déformation péjorative, c’est vous, les petits khons de l’arbitraire qui prêtez le flan au gouvernement gélatineux, à l’image de son chef, et qui lui donnez la matière à toujours plus de sottises. Vous êtes nuisibles, soldatesque de vos petits maîtres sans scrupules – maîtres en carton-pâte, qui de toute façon n’appartiendront jamais au même monde que le vôtre – nuisibles parce que sots.

« Que vous le veuilliez ou non, gauchistes, mes petits, vous êtes fascistes, au sens où vous entendez ce mot, racistes aussi parce que vous octroyant le droit de défendre des races que vous jugez inconsciemment inférieures à la vôtre, vous refusez l’égalité philosophique. Faire la charité, c’est admettre sa supériorité, quelles que soient les formes de cette charité. (...) »

(Micberth-Asudam in Minute n° 620, 27 février-5 mars 1974)