Le racisme connaît-il une dangereuse montée en puissance dans notre beau pays de France ? Son expression « débridée » devient-elle banale, comme on tentait de l’expliquer récemment sur un plateau télé ? La « disparition du monde connu » est-elle vraiment la « facture à payer » pour les monstrueux colonialistes que nous avons été ? Et ça, Elisabeth Lévy n’y avait pas pensé : la nouvelle titulaire du prix Fémina, Léonora Miano, dut tout lui expliquer. Dans le même temps, une association « antiraciste » faisait annuler la vente signature d'un auteur (Laurent Obertone) dans une librairie de Grenoble. Le Grand Soir est-il proche ? Sommes-nous dans une phase de mutation et le monde va-t-il basculer doucement mais inexorablement, comme le dit la douce Léonora ?

« Il est incontestable qu’une volonté organisée tente de nous détruire. La culture, c’est d’abord la rébellion. L’ordre démocratique, qui se veut la vérité et le bien, n’aime pas les têtes qui dépassent et s’acharne à imposer la coupe réglée. Nous vivons dans un pays et sur un continent qui ont fait leur force par la singularité et la différence de leurs habitants. Or, ce qui est singulier est anachronique pour l’idée mondialiste d’aujourd’hui. », écrivait M.-G. Micberth en 1998 dans le journal « Histoire locale ». Il avait alors repris la plume, après un trop long silence de huit ans.

Il poursuivait : « Depuis la remarquable prestation de Zidane au Mondial, on fait croire journellement dans les médias que chaque Français se pose la question suivante : pourquoi pas un futur président de la République d’origine arabe ou kabyle, bantoue, mau-mau ? Pourquoi ne serait-il pas nain, illettré, bègue, coureur cycliste ? (Poser cette phrase sur la blanche et pure feuille de papier est déjà une prestation raciste. On se demande pourquoi le papier accepte cela sans brûler instantanément avec des gémissements insoutenables que seul le papier qui brûle sait pousser.) »

Et que se passa-t-il ? Je vous le donne en mille. Une association « antiraciste » déposa plainte contre Micberth pour incitation à la haine raciale (Voui, voui !). Anecdote en passant : le commandant de la gendarmerie voisine qui prit sa déposition était un fervent admirateur de l’auteur qu’il avait découvert dans le magazine « L’Echo des savanes ». Le monde est petit... L’histoire eut une fin heureuse. Et les nains, les illettrés, les bègues, les coureurs cyclistes ne se manifestèrent pas. Ouf !

Micberth raciste ? Il s’en est expliqué régulièrement, et notamment dans « Actual-Hebdo ». Je vous livre un extrait de ce texte très complet et très clair, rédigé sous la plume d’Eric Asudam dans le style mèque qu’il affectionnait autour des années 1970.

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Racisme et compagnie

 « Mon grand, ferme ta jolie popogne sur la visière de ta gapette à carreaux, et assieds-toi, le vent va souffler ! Ce que je vais te dire ébranlera, sacrebleu, l’amitié que tu me témoignes ; tant pis, je te dis tout : je suis raciste !

« Un choix ? Oui, non ? Je sais... Une telle affirmation demande des explications claires et je te les offre, carrément.

« Certes, rassure-toi, si l’occasion se présentait, je donnerais ma vie pour sauver celle de n’importe quel métèque obscur, et de plus, je ne crois pas que la race blanche – si race il y a – soit supérieure aux autres races terrestres.

« La psychanalyse, panacée et remède miracle, prétend que le concept raciste permet d’affermir le moi individuel et collectif ; en d’autres termes : « Je te refuse et je m’affirme, j’ai peur de toi, alors je te domine en me référant à une pseudo-supériorité biologique, d’où l’utilisation de la légalité pour te réduire et contrôler la prolifération. » Mouais, je veux bien. La psychanalyse, aujourd’hui, explique tout, et je me méfie, vous le savez, de ces sciences humaines sur lesquelles les hommes se jettent à chaque génération, niant avec une mauvaise foi puante les prédécesseurs jadis idolâtrés ! C’est un point.

« Pour rendre limpide le développement de mon explication, je distingue le racisme de la raciologie. Par racisme j’entends l’antagonisme ethnique ou l’ethnophobie, et peut-être l’anthropophobie (termes peu usités), tu choisis ! Et par raciologie, j’entends une théorie des races humaines. Me suis-tu ?

« Nous abandonnerons de suite la raciologie, sciencette futile pour attardés du citron. Nous savons que nous sommes issus de mélanges ethniques effarants, et vouloir prétendre au jour d’aujourd’hui à la race pure, aryenne, serait billevesées et délires poétiques à la Gobineau.

« Abandonnons également les différences sociologiques que la science moderne a balayées énergiquement. Il nous reste, mon grand, les différences intellectuelles et culturelles ; c’est là que se situe le racisme vrai.

« Le racisme serait donc une peur primitive que la culture estompe ? Peut-être. Mais alors pourquoi tient-il le coup devant l’agression des ligues antiracistes et l’information quasi conditionnante à laquelle se livrent celles-ci ? Pourquoué, hein ?

« Conquête laborieuse pour un acquis culturel, et au bout la grande fraternité des peuples dans l’égalité ? Mouais, hum, hum ! ça te chaut, toi, comme programme, t’y crois ? Moi pas.

« L’égalité, je te l’ai dit cent fois, est la notion romantique de la justice, le truc qui faisait bander les mecs de la Constituante, un gadget pour conventionnel. L’égalité est un non-sens, et malheureusement, ne pourra jamais devenir une réalité bien palpable. Ce terme a été récupéré, à des fins mercantiles, pour la jouissance d’un petit nombre. Il entretient la dynamique des défavorisés et agit sur l’homme comme la carotte fait avancer l’âne. L’âne qui bouge est économiquement rentable. Son instinct et ses sens affriolés par le légume succulent le contraignent à l’effort. Contre une malheureuse carotte, l’animal déplace des centaines de kilos de charge. Remplaçons la carotte par l’idéal égalitaire, et l’âne par l’homme, et le tour est joué. Si l’homme prend conscience que l’égalité est un leurre, il existera dans une anarchie bénéfique, mais perdra son pouvoir économique, et ruinera du coup les prétentions de ses exploiteurs. C’est une opinion...

« L’homme supérieur existe, mais il n’a aucun pouvoir sur les autres, et ne cherche d’ailleurs jamais à se l’approprier. Parler simplement de l’homme supérieur me semble une hérésie, ou un raccourci simplet, car il y a en fait une hiérarchie très nuancée. La psychotechnique est à la mesure de l’intelligence ce que la phrénologie de Gall était à la physiognomonie. Tu piges les procédés archaïques et vulgaires !... Il y a toute une progression de l’intelligence et de la sensibilité qui isole dramatiquement les groupes entre eux.

« Le racisme n’est donc pas une affaire de race, mais une prise de conscience des différences sensibles et intellectuelles. Il suffit de constater le racisme anticon qui fleurit dans la presse parallèle, pour se pénétrer complètement du sérieux de ma proposition. Aussi, le trop fameux conflit des générations qui n’existe que dans l’affrontement de concepts plus ou moins raffinés. (La culture affine les esprits d’une génération à l’autre). L’homme supérieur s’illustre par sa capacité d’appréhender et de comprendre, alors que lui-même est incompris par la majorité de ses contemporains. L’homme supérieur est un devancier, jamais un tribun, un soldat ou un grand politique, rarement un idéologue suivi. Il faut cependant distinguer l’homme supérieur du paranoïaque brillant au délire parfaitement systématisé, qui n’est certes pas compris, mais craint et parfois approché doctrinalement par des thuriféraires rusés (Napoléon, Hitler et, plus près de nous, ne souriez pas, Georges Pompidou*). L’homme supérieur n’incarne la légitimité que pour lui-même et ceux qui le suivent et rejoint incontestablement, dans ses droits élémentaires, l’homme inférieur. En aucun cas, il n’a le privilège et le pouvoir de prétendre imposer par la force ses conceptions aux autres hommes, car son intelligence l’éloigne des réalités du plus grand nombre. Arbitrairement et sans fondement scientifique sérieux, nous pouvons avancer qu’il y a, à travers le monde, une trentaine de couches intellectuelles différentes ; à chacune de celles-ci, il faut ajouter les cultures, les expériences et les techniques individuelles qui distinguent les couches de niveau identique entre elles, surcouches ou sous-couches, comme tu veux mon grand.

« Alors comment veux-tu faire vivre et se comprendre un aborigène d’Australie et un pécore berrichon ? 

« La difficulté existerait même si nous rencontrions chez ces deux zèbres une identité d’intelligence.

« Bon, je souffle. Inutile d’avoir peur du racisme, nous sommes tous sainement racistes ; c’est notre seul moyen d’exister individuellement dans ce grand brassage des intelligences et des cultures. Le racisme racial, si j’ose dire, ne se rencontre que dans les couches intellectuellement pauvres de la société, et chez certains poètes des idées qui sont racistes comme on est franc-maçon ou yéyé. Mais le racisme intellectuel est bien vivant ; tant mieux, car son utilité ne fait aucun doute. Il assure notre protection quotidienne contre les races supérieures et inférieures, il nous place à notre niveau neuronal et nous maintient loin des angoisses du plus ou du moins. Il assure notre fragile équilibre. (...)

« Je l’ai dit, le racisme est sain. Ce qui l’est moins, ce sont les prétentions des oligophrènes pour une supériorité raciale et biologique, cet ordre racial meurtrier et dérisoire.

« Répétons-nous avec délectation : il n’y a pas de races supérieures, mais des hommes supérieurs, à quelque ethnie qu’ils appartiennent. »

(Micberth in Actual-Hebdo n° 32, 25 août 1973)

 *NDLR.Rappelons que G. Pompidou était alors président de la République, au cas où...