La Foire internationale d’art contemporain bat son plein. C’est l’occasion de rappeler la vision de Micberth en la matière. S’il avait des dons artistiques certains (écriture, dessin, peinture, sculpture), il a toujours refusé l’appellation d’artiste, déclarant que toutes ces disciplines étaient de véritables métiers qui demandaient du temps, du travail et de la ténacité. Et il ne s’est jamais considéré comme un écrivain, malgré l’importance de son oeuvre reconnue et saluée, jugeant ses ouvrages parcellaires, souvent dictés par la nécessité et dépourvus de fignolage.

 Dans un entretien avec son ami Claude-Guy Onfray en 1989, il donne son avis sur la sculpture et la peinture.

« Je ne souffre que les écrivains, les peintres et les sculpteurs. Les autres, non. Les comédiens, par exemple, ne sont que des pitres. »

« En littérature, les prédilections de Micberth sont suffisamment connues, Céline, Bloy – Verlaine en poésie – pour ne citer qu’eux, pour que je m’y attarde. Ses diatribes contre les piliers de la littérature qui meublent les manuels du secondaire sont inséparables de son génie de pamphlétaire.

« Guy Onfray, vous me parlez souvent de Rodin. Rodin, quel maçon ! Oui, je dis que c’est un maçon. J’ai cru, tout jeune, qu’il n’existait en 1900 que des femmes bâties comme des armoires, à en croire les sculptures de Rodin. Et un jour, j’ai découvert Isadora Duncan. Une femme au corps de liane, très belle, avec un beau cul. Rodin n’a pas su la voir. Il a sculpté des femmes comme votre tante (NDLR : Marianna Mattiocco-Russell) qu’il a considéré comme la plus belle femme de France. Mais vous connaissez le monument. »

« Comme j’aime ma tante, je change de sujet.

« Micberth reprend : « Despiau. Oui, j’aime Despiau. Et aussi une certaine partie de l’oeuvre de Belmondo. Nous nous connaissions et nous avions une très grande estime l’un pour l’autre. Il avait souhaité faire mon buste et il est mort avant. » (...)

« Sans transition, j’aborde la peinture. « Pour moi, continue-t-il, la perfection c’est Ingres. A côté, l’impressionnisme est décadent. Et je tiens les pompiers pour ceux qui ont merveilleusement assumé et poursuivi la grande tradition. »

« Je ne prononce pas le nom de Bouguereau. Le calembour serait trop facile. Mais l’art pompier n’a-t-il pas été une impasse, au temps de l’aventure de la photographie ?

« Les pompiers mènent au surréalisme. Le Christ de saint Jean de la Croix de Dali n’a rien à voir avec une photo. Il y a à la fois une grande maîtrise technique alliée à l’invention. »

« Ah Dali ! (...)

« Micberth me ramène à la peinture : « Picasso, je chie dessus ».

« Mon ami François Richard, à qui cette revue doit tant, garde précieusement l’admirable portrait que M.-G. Micberth a peint de lui il y a quelques années. C’est aussi une autre façon pour Micberth d’exprimer ce qu’il ressent, pinceau en main, et non pas seulement avec des mots.

« Les créateurs qui m’intéressent sont ceux qui, tout en ayant réalisé de belles choses, sont restés des inconnus parce qu’ils ne se sont pas comportés comme des marchands de saucisses. »

« Espèce rare il est vrai. »

(Extrait de l’article « A bâtons rompus » in « Regards sur Micberth » n° 6, printemps 1989)

 Le sculpteur Paul Belmondo

« Pour remettre les choses en place, je pense que Rodin est un sculpteur considérable et moi un très petit amateur de rien. », déclarera plus tard Micberth, précisant « Le maçon, qualifiant Rodin, n’est pas de moi mais de l’académicien Carton avec qui je refaisais le monde des arts. » (FB, 21 novembre 2010)

 Quant à Paul Belmondo, Micberth lui a rendu hommage en ces termes : « Paul le père, « Papy », était tout le contraire de son âne de fils : harmonie, sagesse et douceur, modestie du mot et grandeur de l’art, sérénité, vraies valeurs et surtout extraordinaire talent.

« Paul aurait pu tordre de la ferraille, chier du plâtre à grandes truellées sur du calicot tire-bouchonné ou encore exposer une tonne d’anthracite ou le cadre rouillé de son vélocipède, bref faire des « bidules » comme il disait, et comme son fils, il aurait connu probablement fortune et gloire.

« Maître Belmondo a choisi le beau et le vrai ; élève de Despiau, il a voulu poursuivre l’oeuvre de sculpteurs figuratifs, au prix d’une incessante recherche et d’une rigueur exemplaire.

« S’il est vrai qu’aujourd’hui Jean-Paul se bat pour Paul, je lui pardonne bien volontiers la gluance de ses cacas de comédien. En oeuvrant pour faire mieux connaître Papy, il lui sera beaucoup pardonné. Déjà par moi. » (Micberth in « La Lettre », janvier 1985)