chroniques.jpg« Je demande aux intelligences françaises de pardonner aux bellicistes, mais de leur fermer à tout jamais, les postes de responsabilité. Nous devrons veiller à traquer les irresponsables partout où ils montreront à nouveau leur vilain nez. » C’était l’appel formulé par Micberth en 1991 dans une longue préface à l’ouvrage de François Richard intitulé « Chroniques de guerre ». Certes, le temps a passé, les protagonistes sont différents en 2013, mais quand même... Il suffit de changer les noms dans le texte ci-dessous et on y retrouve ses petits.

« Nous avions une certaine idée moderne du monde. Pour nous, la guerre, c’était fini, nib, zobi, terminé, exit ; de l’histoire ancienne, de la turlutaine pour pépé égrotant et rabâcheur ; une vieille cantinière suant des miches, bonne à foutre par les bâfreurs de Matamata du sud de la Loire, vous savez, ceux qui se cherchent une âme dans les anfractuosités laissées par les balles de kalachnikov ; aussi par les Bantous et autres aborigènes qui s’inventent sur les charniers du tiers monde un millénaire de négritude humaniste ; enfin utile aux préhominiens, de tout poil, ceux que la catéchèse socialiste appelle, par imbécillité à pleurer, des hommes comme vous et moi.

« Bref, même si nous l’avions oubliée, nous entretenions une armée une vraie, sorte de super police de l’intérieur, aux fins de dissuader Marchais, Krivine et quelques autonomes de prendre le pouvoir sans y avoir été invités démocratiquement par la grande foiridon du suffrage universel ; aussi, accessoirement, pour faire respecter d’obscurs traités d’alliance, mis en place en Afrique par l’une des plus grandes canailles du gaullisme mafieux, je ne dirai pas son nom, il s’est reconnu le vilain gâteux ; enfin, pour protéger nos ressortissants en pays nègres.

 « Il n’y avait plus guère que Cabu, le béquillant et talentueux échappé de la bande à  « Charlie » qui, dans les pages du « Canard », vitupérait inlassablement le kaki, mais on pouvait croire de bonne foi, qu’il s’en était allé rejoindre, avec les dégâts de l’âge, le clan des vieux rombiers ramollis du citron. Chacun aura compris qu’on devait se les chatouiller vigoureusement pour rire.

 « Mais si, mais non, le pôve vieillard de l’Elysée, tel Ramona gros vice, ne dormait que d’un oeil et ne voulait pas crever sans son morceau d’histoire sanglante, sans son baptême du feu. Il avait d’abord mal choisi son camp à la dernière, en 39-40 ; puis, le vent tournant, beau redressement de l’Auguste, admirable coup de reins du Maître ; malheureusement, près d’un demi-siècle plus tard, la francisque fienteuse lui pendait toujours au fion. Entre-temps, le vaillant sauteur du  jardin de l’Observatoire s’était essayé, avec un certain succès, il faut le reconnaître, à la guéguerre. Lui et ses copains, selon le quotidien  « Le Monde » de septembre 85, auraient laissé sur le sol algérien, cinq à six cent mille morts. Pas mal pour un bleu ! Bravo l’ex-cagoulard ! Chapeau le tripier ! Mais quelle que soit la beauté de la boucherie, le talent « gégénique » de l’artiste, y a-t-il une légitime fierté à rester, dans l’histoire de France, le énième trou du cul de Guy Mollet ou la petite biroute de ce pauvre Mendès France ? Non bien sûr, d’autant que François Mitterrand n’a jamais assumé son rôle d’assassin solitaire, il lui faut, au Florentin olivâtre, un boss, un tout en burnes, tant pour se faire battre – il aime ça – que pour le trahir – c’est sa spécialité, une rare vocation – et voilà la trilogie historique : Pétain, Guy Mollet, Bush.

 « De Gaulle n’était pas du club, probablement trop grand pour Mitterrand dont l’âme délestée n’atteignit jamais au meilleur de ses envolées le dessous de l’élastique des chaussettes du Général.

« Le futur marcheur médiatisé de Solutré jouait, à cette époque et impeccablement, son rôle de Bibi Fricotin de la politique française.

« Aux élections présidentielles, le petit franchouillard socialo stigmatisait les menées du grand tyran militaire qui, d’après lui, n’attendait que la distraction des démocrates purs et durs pour instaurer une dictature impitoyable. On connaît la suite et on constate depuis 1981 l’enfilage sans vergogne des charentaises laissées par le fondateur de la Ve République, chaussons qui tiennent lieu de gondoles au conglutineux berger microcéphale de Latché.

(...)

« Répondre au fol de Bagdad par plus de folie encore m’est insupportable ; on ne punit pas le crime par le crime. Le droit onusien est la plus méprisable escroquerie morale de ces derniers mois.

« Saddam est une fabrication de l’Occident, un reître, un épouvantail érigé en fou de guerre avec pour mission de terrifier l’Iran belliciste, rempart aux ordres entre l’Occident éclairé (au pétrole) et la Perse chiite obscure, barbare et fanatisée.

« Travail accompli ; Saddam se retrouve avec la 4e armée du monde, des dettes grosses comme la sottise d’un élu socialiste de la Creuse et un accès à la mer, marécageux comme les idées géopolitiques de Michel Rocard. Le Koweït est une tartarinade à la mode Albion, une perfidie anglaise, c’est-à-dire n’importe quoi. Saddam veut sa récompense, l’accès pour les gros tankers, d’une part et les puits et raffineries pour les remplir, d’autre part.

« Peut-on vraiment lui reprocher cette ambition nationale – parfaitement légitime pour un janissaire – et cela au milieu du perpétuel merdier qu’est le monde en mouvement ?

« Les mamours américano-soviétiques lui auront facilité la tâche. Quand il envahit le Koweït, il est persuadé que les Etats-Unis ne bougeront pas. On lui avait dit, juré, craché que cette annexion guerrière ne lui serait pas comptée à la condition que ses ambitions s’arrêtassent là. Pas touche à l’Arabie Saoudite, petite boutique juteuse de ces grands imbéciles de Yankees. Voilà la vérité, le reste n’est que spéculations de folliculaires...

« La France, dans cette affaire, pouvait jouer un rôle considérable : la neutralité. Intelligence, amour et paix. La considération des pays arabes, l’amitié d’Israël, les rapports privilégiés avec les autorités irakiennes, sa gauloise et sympathique défiance à l’endroit des institutions internationales et particulier l’ONU, bref, la France géniale quand elle piétine son portefeuille et se torche avec les billets qui dépassent.

« Le devoir principal auquel notre pays doit se soumettre est celui qui assure le droit de vivre aux gens même quand ceux-ci sont dirigés par des fous bellicistes, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément le cas chez Hussein.

« Le problème du Golfe est un problème arabe. Il doit être réglé exclusivement par les Arabes et leurs voisins directs. Nous pouvions parfaitement aider logistiquement une force plurinationale arabe qui aurait protégé l’Arabie Saoudite des intentions belliqueuses de Saddam.

« Un point c’est tout.

« Une vraie force onusienne aurait été la représentation proportionnelle de tous les états membres avec un commandement multicéphale. Il eût fallu que l’URSS et l’Iran soient parties prenantes dans le conflit, déjà pour que le blocus soit efficace, ensuite pour légitimer la répression.

« Nous assistons à une guerre d’intérêts dirigée par les Etats-Unis et le Royaume du même métal, avec au derrière le pet foireux français.

« L’armée française ne doit pas quitter nos frontières. Elle est là pour protéger et sauvegarder l’intégrité du territoire national. Un aviateur français qui bombarde des civils irakiens ou des militaires qui ne l’ont pas attaqué est une triste merde, certainement pas un héros. Et pire que ce lambda galonné, l’homme politique, gras de l’âme, qui a donné l’ordre, de Paris. » (Micberth, extrait de sa préface à « Chroniques de guerre » de François Richard, mars 1991)