La_Rochejaquelein.jpgN’en déplaise aux dirigeants de l’Union européenne qui appellent à la fin des violences en Egypte, « La guerre est une vacherie hideuse, tout le monde se congratule sur ce lieu commun, mais il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises guerres. Celui qui décide d’employer ce procédé abject a tous les droits, tous. »

 Ce constat, frappé au coin du bon sens, fut publié par Micberth en août 1973, ce qui ne nous rajeunit pas, j’en conviens. A l’époque, il précisa son idée, qui en fit (et fera) hurler plus d’un aujourd’hui encore : «  Hitler, lui au moins, a eu le courage et la lucidité dans l’abjection, d’aller jusqu’au bout de ses idées. C’est son seul mérite. Il a foutu en l’air cette notion désuète de la bonne guéguerre : Messieurs les Anglais, tirez les premiers. Je méprise les militaires mais plus encore ceux qui moralisent les affrontements en disant avec des bouches en cul de poule, dans les salons parisiens : « On ne torture pas nous, on ne tue que contraints, on n’utilise pas les défoliants nous, on respecte les conventions internationales, etc. » Ceux-là perpétuent les massacres en idéalisant le crime mesuré. » Ceux-là se reconnaîtront-ils ?

 Favorable à une armée de métier et non à une conscription obligatoire (Précisons qu’il évita le service militaire à un certain nombre de ses congénères), il ajoutait : « Si j’avais été militaire, j’aurais banni toute pitié, je serais devenu essentiellement cruel, rationnellement sauvage. Allons, merde, pas d’hypocrisie. Il suffit de se souvenir de la dernière et de se rappeler les « bons pères de famille » qui n’hésitèrent pas à massacrer les gosses par dizaines. Que celui qui n’a jamais péché dans sa tête, ne serait-ce qu’une fois, me tire un coup de revolver dans la tempe.

« C’est vrai, j’en ai plus que marre de vos sornettes, de votre façon d’accommoder l’histoire et la vie. Depuis Jules Ferry, tout le monde s’octroie l’art de donner son avis. Pitoyables branleurs ! On refait le monde, à coups de plume acérée, sans jamais se mouiller vraiment. On cause, on cause. »

Quarante ans plus tard, c’est hélas la même ritournelle ! On se donne bonne conscience, mais la guerre a toujours la même trogne. Rien ne la justifie.

 Et Micberth enfonce le clou, remonte dans le passé. « Si la liberté des Français était étouffée par les armes, c’est avec des armes que j’essaierais de libérer mon pays. De l’intérieur ou de l’extérieur. A l’école, on a négligé de te parler de la chouannerie, seule guerre populaire, si on excepte la Commune. Eh bien la guerre de Vendée a connu le sacrifice de 600 000 paysans français qui refusèrent la conscription (le service militaire, si tu préfères, invention de la glorieuse et méprisable Révolution française). Bien sûr, on te rabâche dans les oreilles que les chouans étaient bondieuseries et compagnie, monarchistes au délire. Comment vas-tu m’expliquer alors une révolte qui dura de 1790 à 1832 et qui ne figure dans nos livres d’histoire que comme une péripétie insignifiante ? Broutilles des nostalgiques. Parce que aujourd’hui, il ne faut plus nous raconter de salades. Tout mec un peu instruit sait que 1789, c’était le règne d’une bourgeoisie envieuse et d’une poignée de paumés et de pochardes. Le peuple, le vrai, connaissait ses libertés et il a défendu jusqu’à en crever son Dieu et son roi. Depuis, on prend sottement des raccourcis, on mélange monarchie et fascisme. Et allez donc. Elle est chouette, deux siècles plus tard, la République. Si t’en es fier, ben mon pauvre vieux » 

Effectivement, on avait « oublié ». Désolés ! Et là, Reynald Secher et Stéphane Bern se réjouissent et applaudissent de conserve leur devancier. Tout arrive.

 (Micberth-Asudam. Extrait de l’article «The bombette party » in Actual-Hebdo n° 31, 11 août 1973)